Le mythe de la femme initiatique

Il y a un mythe fort répandu, d’autant plus dans l’univers du « féminin sacré », auquel j’ai cru et que j’ai moi-même alimenté qui raconte que le féminin initie le masculin. En bonne scorpionne que je suis je n’ai jamais eu peur de questionner mes croyances et de les remettre en question quitte à bousculer et déranger. J’ai complètement déconstruit en moi ce mythe de la femme initiatrice le jour où j’ai compris que ce n’était qu’une autre façon de rejouer encore et encore les mêmes jeux de rôles et de pouvoir entre féminin et masculin. La femme initiatrice n’est qu’une version plus romantico-spirituelle de la sauveuse, celle qui comprend, attends, panse, éduque et aime inconditionnellement comme le ferait… une mère.
Si c’est le genre de relation que vous souhaitez alors très bien mais si vous voulez une relation saine, équilibrée et sans rapports de prédation c’est mal barré.
Je sais et comprend d’où vient ce désir… Nous sommes nombreuses déjà en chemin depuis longtemps (il n’y a qu’à voir la proportion de femmes en thérapie, développement perso, cheminement spirituel etc…) et nous aimerions tant, et souvent désespérément, être rencontrées là où nous sommes vraiment. Vues, reconnues, comprises et aimées entièrement… mais c’est rarement la réalité et la frustration est grande. Disons-le clairement le décalage est encore immense et les hommes ne sont (pour la plupart) pas au rendez-vous… Ce constat amer et triste je l’ai fait moi-même et je l’entends dans la bouche de mes amies et des femmes que j’accompagne. Sans même parler de spiritualité il n’y a qu’à regarder les dysfonctionnements, les inégalités et les violences quotidiennes générées par notre société patriarcale… En vérité c’est tellement insupportable que l’on préfère se voiler la face et prendre les choses en main pour ne pas devoir les supporter telles qu’elles sont. Sauver les hommes/notre homme pour se sauver nous-même plutôt que de prendre le risque de renoncer à cet idéal amoureux que nous portons en nous, ce désir d’amour fou, « d’Union Sacrée », ce graal qui pourrait justifier tous les sacrifices et toutes les douleurs au nom de « l’amour ». Alors on s’invente non pas princesses en détresse mais femmes initiatrices. Que ce soit sous les traits d’Eve ou de Litith, dans le lit ou chez le psy, dans la chair ou la prière et souvent tout cela à la fois on se dit que notre amour (mais il s’agit en fait plus de notre désir) les transformera. Quelle erreur ! Tout cela n’est qu’une expression de l’ombre du féminin (en résonance avec l’ombre du masculin). Nous ne sommes pas responsables des hommes (ou alors uniquement ceux que nous mettons au monde et seulement en partie) et nous n’avons pas (et ne devons pas) avoir de pouvoir sur eux (et vice versa). Ils ont leur propre libre arbitre et la capacité d’évoluer par eux-même et pour eux-mêmes. Comme nous. Et tant pis pour nous si cela prend trop de temps à notre goût… Nous devons accepter cela si nous voulons un jour vraiment les rencontrer et être rencontrées depuis l’espace du cœur, et si nous voulons vivre en êtres libres et souverains. La seule personne que nous pouvons sauver c’est nous-même. L’Union Sacrée dont nous rêvons doit avant tout se vivre en nous. Nous devons apprendre à être complètes, souveraines et si initiation il y a c’est depuis cette posture là, celle de montrer un possible désirable, pas en faisant pour, en prenant le pouvoir sur, en forçant les choses pour satisfaire notre volonté. Sortons de nos attentes adolescentes et telle l’arcane du monde vivons et vibrons notre complétude. Inspirer plutôt qu’initier. Un jour peut-être (sûrement), dans cette vie ou dans une autre, attirés par la lumière ils nous rejoindront sans que l’on ne soit allées les chercher en les tenant par la main tels des petits garçons ni sans les avoir pris dans les filets de la séduction. Rendons-leur leur pouvoir et reprenons le nôtre avec respect et souveraineté, pas en nous enfermant encore dans des rôles trop longtemps joués.
Oui la reine adoube le roi. En cela elle le reconnaît. Peut-être que cela signifie simplement que le féminin précède le masculin. Mais c’est à lui seul de faire son propre chemin vers sa royauté. Nous ne rendons service à personne en voulant contrôler les choses, car oui c’est bien de ça qu’il s’agit… Derrière notre désir d’absolu, notre soi disant amour inconditionnel et nos jolis mots, cette prétendue femme initiatrice, chimère de nos animas perdues, est dans l’ego et le pouvoir. Aïe. Comme la séductrice, l’initiatrice est une des ombres du féminin. Acceptons de la regarder pour ce qu’elle est en toute honnêteté et avec beaucoup de compassion pour ce qu’elle montre de nos egos blessés.
J’en suis venue à la conclusion que si l’on aime vraiment les hommes ET que l’on s’aime vraiment aussi alors il nous faut lâcher-prise sur notre volonté (mais pas sur nos standards !) et les laisser s’initier eux-même quand ils seront prêts et en ressentiront le désir. À force de les prendre en charge, de les materner, nous les coupons de leur propre désir de se mettre en mouvement. C’est ce désir mélangé à la peur ou la douleur qui nous fait nous mettre en chemin et est le préalable de toute initiation. Un jour peut-être (sûrement) nos chemins se croiseront à nouveau et nous nous rencontrerons entre initiés, réconciliés dans l’Amour .
En attendant apprenons à intégrer notre propre soleil plutôt que de le chercher à l’extérieur de nous. Ne soyons pas coincées dans la figure de la femme lunaire ayant besoin d’un autre astre pour briller mais devenons femmes solaires et éclairont nos vies (et nos ombres) de notre propre lumière.

Pour aider les femmes à avancer vers plus de complétude et vivre une véritable union intérieure j’ai conçu un programme d’accompagnement en ligne de 40 jours : La Voie de la Fiancée Sacrée.

Prochain démarrage le 19 mars 2023

Author: charlotte

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