Si nous voulons vivre vraiment nous devons apprendre à mourir encore et encore. Nul besoin d’attendre nos grandes – et souvent dramatiques – rencontres avec la mort, chaque jour nous devons apprendre à mourir au cœur des plus petites et insignifiantes choses de l’existence. De nos habitudes à nos croyances, de nos attachements à nos personnages, mourir et encore mourir. C’est ainsi que nous goûterons à la véritable vie qui elle est éternelle. Nos vies incarnées ne sont que des terrains d’expérimentation pour apprendre à mourir et renaître à soi. Une école du dépouillement du moi pour révéler le soi, notre essence originelle faite d’éternité et d’amour.
Rien de tragique dans tout cela. Nous pouvons choisir d’en faire une fête et au passage tenter de nous libérer de la peur de la mort et de la perte.
Ritualisons joyeusement nos morts successives. Créons des espaces sacrés et festifs pour déposer nos valises, abandonner nos vieilles peaux, enterrer nos morts et laisser place à une nouvelle vie encore et encore. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Bien mourir pour bien vivre et vivre libres. Vivre légers. Laissons de côté tout ce sérieux qui encombre la mort et plombe la vie. Vivre les cycles en conscience, comprendre le sacré qui anime toute vie ne demande pas une (fausse) posture de circonstances. Redevenons des enfants. Enterrons les petits cadavres trouvés au bord de nos routes avec des couronnes de fleurs et retournons courir après les papillons.
La vie ne s’arrête jamais. La mort non plus. Elles vivent l’une dans l’autre et le mouvement de l’une à l’autre est permanent. Vouloir la vie sans accueillir la mort avec la même gratitude ce n’est pas jouir d’une vie véritablement vitalisante mais vivre une existence mortifère et déprimante.
L’énergie de cet été invite à ce dépouillement joyeux. Alors n’oublions pas que nous sommes toujours des enfants innocents.