J’entends souvent des personnes autour de moi me dire qu’elles ne suivent pas l’actualité parce que ça les plombent, parce qu’elles sont « trop » sensibles. Mais c’est normal (et sain !) d’être sensible à la douleur de l’autre et de ressentir des émotions jugées négatives face aux violences du monde. Aimer, vivre le cœur ouvert, c’est ressentir et cela va donc obligatoirement de pair avec l’acceptation de la douleur, cette douleur existentielle profondément humaine. Sinon quoi ?
Refuser notre nature humaine et se réfugier dans la fuite spirituelle et/ou des idéologies diaboliques ( de celles qui séparent et divisent) ? Feindre le détachement (certain.e.s préfèrent dire le non-attachement) pour masquer un état de sidération et un cœur anesthésié puis enrober tout cela de grands discours pseudo-spirituels pour rendre cela acceptable ? Ou encore trouver des justifications hasardeuses à ces violences en y voyant l’espoir d’un nouveau monde (vraiment ??)…
Je comprends et respecte que cela soit un mécanisme de survie, il est normal d’avoir peur et – selon notre système névrotique – de chercher à fuir ou contrôler, mais n’allez pas me faire croire que c’est une posture saine vers laquelle ne devrions aspirer.
Je comprends le besoin de repos, de répit… Il est important d’écouter et d’honorer nos besoins, de protéger notre santé mentale quand c’est trop dur le temps de reprendre des forces et de remplir notre propre coupe à nouveau. Mais laisse-moi te dire que si ton besoin de te couper du monde et de son actualité est permanente par peur d’être trop blessé.e ou de « baisser tes vibrations » alors tu as besoin d’aide. De l’aide pour trouver plus de force et de sécurité intérieure, de l’aide pour panser tes blessures trop à vif, de l’aide pour mieux réguler ton système nerveux et de l’aide pour revenir dans ton cœur et le laisser s’ouvrir et TOUT ressentir. Parce que ce qui n’est pas normal c’est de ne pas ressentir, d’être anesthésié.e/détaché.e/dissocié.e et/ou d’élaborer des stratégies d’évitement pour ne pas être touché.e.
Je ne le dirais jamais assez : nous sommes des êtres de relation et nous avons encore tout à apprendre pour vivre ces relations depuis le cœur tel que le Christ nous l’a enseigné il y a plus de 2000 ans. Vivre depuis l’espace du cœur ne veut pas pour autant dire être piégé.e par son émotionnel (l’astral) – d’ailleurs beaucoup de personnes en réaction depuis l’émotionnel ne sont pas pour autant ancrées dans leur cœur – mais c’est accepter de se laisser traverser aussi bien par la douleur que par la compassion. C’est se laisser être touché.e par ce monde, par la Vie, par l’autre… C’est aussi ancrer les racines de l’intelligence mentale/intellectuelles dans le terreau du cœur… et du corps. C’est être relié.e en soi-même et avec les autres (par autre j’entends l’ ensemble de la création visible et invisible).
Nous avons tellement besoin de personnes mâtures, intelligentes et dans le cœur capables d’être à la fois dans le discernement (un intellect fort) ET en capacité d’aimer avec un cœur courageux.
Avec Amour et avec l’espérance (souvent chancelante) de voir un jour advenir la paix du Christ sur terre…