Et de battre mon cœur s’est arrêté… 92 min.
Oui c’est loin maintenant… 2 ans…
Pour vous du moins sûrement. Pour moi aussi souvent. Et pourtant…
En un instant je peux revoir les scènes de ce jour-là se projeter dans ma tête. Comme un film dont je suis à la fois actrice et spectatrice. J’ai du mal à m’identifier à ces souvenirs là. Comme si ce n’était pas vraiment moi. Comme si ça ne m’était pas vraiment arrivé. Et pourtant… Il y a comme un morceau de moi resté là-bas dans cette froide journée de décembre.
Partir. Seule sans aucun être aimé qui me tienne la main. S’endormir sans avoir eu le temps de se dire « OK je suis prête ». La lumière qui s’éteint et ne pas savoir si l’on va revenir. Suspens. Vie en suspend. Et renaître. Dans la douleur forcément. Pourquoi les naissances doivent-elles être douloureuses ? On parle souvent de la douleur en fin de vie mais que dire de celle qui accompagne la (re)naissance ?
S’accrocher ensuite coûte que coûte et vaille que vaille à cette nouvelle vie. Espérance. Ironie de vivre tout cela à Yule. S’accrocher à la lumière dans les ténèbres. Je suis vaillante. I did it !
Mais que dire de tout cela 2 ans plus tard ? Tout a changé. En moi.
Et rien a changé. Dans ma vie du moins. Toujours au même endroit. Bien que le monde ai basculé dans une distopie sinistre. Fallait-il vraiment revenir pour vivre tout cela ? Faire partie de ce monde là ?
Se demander souvent pourquoi je ne suis finalement pas partie ce jour-là.
Pour elle et ses grands yeux bleus bien sûr. Pour être le tuteur de ma jolie rose, tant qu’elle aura besoin de moi et être son rempart tant que je le peux contre ce monde de fous.
Mais y-a-t-il une autre raison ? Un secret, un trésor, un amour juste pour moi..?
Peut-être apprendre à vivre tout simplement. Sans quête et même si rien n’a de sens. Sans ailleurs, sans attentes, sans espoirs. Mais ici et maintenant savourer la vie en sachant ce que la mort veut dire et sans angoisses savoir qu’à tout instant elle peut nous cueillir.